Élément de base du décor, le châssis permet de diviser l'espace de la scène en constituant le degré zéro du décor.
En voici une image ainsi que les termes qui désignent ses différentes parties.
Avec la construction, le châssis gagne de l'épaisseur et le décor du volume. La diversité des jonctions, des liaisons, des articulations et des fixations (qui doivent être montables et démontables), permet différentes combinaisons et plantations pour modeler l'espace en le rendant praticable par l'acteur: Dans l'histoire du théâtre occidental à partir de la Renaissance, le décor a connu des principes de plantation que l'on peut résumer comme l'a fait Leblanc.
Extrait de "traité
d'aménagement des salles de spectacles (II)" Louis et Georges Leblanc
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Toile de fond, rideau (ou rideau de fond), fond (a) : Ces expressions
synonymes désignent habituellement la toile peinte qui clos le fond
du décor. C'en est un élément essentiel.
Portants coulisses (châssis de coulisses) (c) Sur les petites scènes notamment ces expressions sont prises parfois l'une pour l'autre. Le terme "portant" est le terme normal. On désigne ainsi les parties latérales de décor, montées sur châssis et généralement séparées les unes des autres par un passage dans lequel l'acteur se glisse (coulisses). Le seul terme "châssis" est fréquemment employé sur les grandes scènes. Frises et bandes d'air (d) Ce sont les parties de décor suspendues au-dessus des acteurs, et dont chacune doit dissimuler le plafond ou le cintre. Terrain - Silhouettes (t) - Bande d'eau (b) : Ce sont des décorations basses qui coupent et souvent accentuent la perspective du décor, laissant disponible en arrière, un passage ou le logement d'appareils d'éclairage. Principale (h) C'est une toile de fond très ajourée placée entre l'ouverture de scène et la toile de fond proprement dite. Elle peut remplacer un plan de portants et frise. |
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Ferme (f) C'est un fond de décor rigide donc monté sur
châssis et comportant souvent des parties ouvrantes, ou ajourées
permettant le passage des acteurs. On dit qu'une ferme est praticable (châssis
praticable) parce qu'elle laisse le passage aux acteurs, mais ce n'est
pas "un" praticable tel qu'il est défini ci-dessous. Les termes
traditionnelles descendaient dans les dessous. Actuellement elles peuvent
être montées au cintre ou portées en plusieurs châssis,
sur les "tas" de décors.
Praticable (substantif) (r) c'est un bâti sur lequel passent ou stationnent les acteurs. Les praticables qui étaient déjà utilisés dans la disposition classique à l'italienne, sont de plus en plus fréquents avec l'évolution du décor. Plafond (p): c'est généralement un châssis léger simple ou pliant qui coiffe un décor d'intérieur lorsqu'on n'utilise pas de frises pour masquer la partie supérieure (dispositif souvent encombrant et qui tend à gêner les éclairages). Pantalon (e) : c'est une partie de décoration destinée à masquer les découvertes, placée derrière une porte, une baie ou une fenêtre. Utilisé fréquemment pour réaliser des effets d'éclairage dans une mise en scène. |
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Le cyclorama (y) est une grande toile de fond incurvée légèrement
bleutée et qui sert de tond d'horizon aux différentes mises
on scène. Ce cyclorama peut généralement s'enrouler
sur le côté de la scène. C'est une simplification de
la Coupole Fortuny présentée en 1902 et 1906 à Paris
(création sur une scène privée puis utilisée
sur les scènes allemandes, et en 1922 à la Scala de Milan).
Le Panorama est un cyclorama rigide, on matériaux tels que plaques aluminium ou même contre-plaqué, montées sur une armature métallique. C'est le dispositif employé depuis 1936 à l'Opéra de Paris. Les praticables prennent de plus en plus d'importance dans le décor moderne (on particulier pour le théâtre dramatique). C'est une partie essentielle des "constructions" qui composent ce décor dont toutes les épaisseurs sont réelles (décor à 3 dimensions). La scène architecturée est un cas limite de ce type de décor. A l'avant-scène : tandis que le décor à l’italienne ou le décor peint praticable peuvent se présenter dans l'ouverture de scène, encadrés du manteau d'arlequin, le décor construit s'arrange mieux d'un cadre plus sobre, portique ou encore cadre mobile des grandes scènes, voire de premiers plans neutres. |
Le scénographe est chargé d'organiser l'espace scénique en vue de la représentation théâtrale. Ces deux domaines d'intervention (conception et amenagement); les deux fonctions du scénographe; peuvent être à la charge de la même personne.
Le scénographe d'équipement :
C'est la personne compétente chargée
dans le cadre d'un projet d'architecture théâtrale de la conception
et de la prescription des espaces, des équipements scéniques
nécessaires (machinerie, lumière,
son,
sécurité ). Son intervention est reconnue comme indispensable
auprès du maître d'œuvre (l'architecte ) et souvent exigée
par le maître d'ouvrage (le commanditaire ). Dans les projets importants,
le génie scénique peut même faire l'objet d'une maîtrise
d'œuvre autonome ; il en
a été ainsi pour l'Opéra de la Bastille, avec
l'ingénieur allemand Rudolf Biste.
Quand il n'est pas lui -même ingénieur, le scénographe d'équipement travaille en relation avec des bureaux d'études spécialisés en ingénierie scénique, en acoustique, en sonorisation, en éclairagisme et en thermique. L'informatique prend une part toujours plus grande dans ces domaines.
La partie la plus délicate de son travail
consiste dans le choix préliminaire du type de salle, dans l'établissement
du rapport entre la scène et la salle et dans l'étude des
paramètres correspondant à la jauge préconisée
(la capacité d'accueil de la salle ). Comme ils sont nombreux, leur
maîtrise ne va pas de soi : bien des théâtres ont pu
être construits sans satisfaire pleinement à ces exigences.
La compétence du scénographe d'équipement comprend
l'établissement de la courbe de visibilité (qui détermine
la pente de la salle et la hauteur des gradins pour assurer un dégagement
visuel correct à chaque spectateur ), la définition des bons
angles visuels en rapport avec l'ouverture de scène pour exclure
les places aveugles et les effets de masque, le contrôle de l'acoustique
(ni trop réverbérante, ni trop absorbante ) adaptée
à la destination du lieu (parole ou musique ), la description des
équipements scéniques prévus, le soin à apporter
aux circulations et aux accès
techniques. D'anciens chefs machinistes comme Camille Demangeat, des
scénographes de plateau comme Guy-Claude François, des
architectes comme Pierre Sonrel, Valentin Fabre, Jean Perrotet ou Philippe
Chaix peuvent pratiquer ce métier.
Le scénographe de plateau :
Ce terme tend à se substituer à celui
de décorateur de théâtre. Cependant, les deux intitulés
impliquent une conception différente de la fonction et de l'art.
Il se trouve aussi que le terme de décorateur-scénographe
est indifféremment employé. En tout cas, il s'agit du responsable
de la décoration d'un spectacle ou (en utilisant l'expression de
Jean Vilar ) de la conception du dispositif scénique.
Le scénographe de plateau définit
l'ensemble des éléments composant l'espace (ou l'image )
scénique, parfois à l'exception des costumes. L'éclairage
est désormais sous la responsabilité d'un créateur
autonome: responsable d'un budget, celui -ci assure le suivi de la réalisation
et dirige les finitions sur le plateau, lesquelles sont effectuées
dans les conditions réelles de la représentation, en lumière.
Au XXe siècle, sa collaboration avec le metteur en scène
devient un fait marquant : ainsi, les échanges de Richard Peduzzi
avec Patrice Chéreau et de Yannis Kokkos avec Antoine Vitez, en
France, et ceux de Luciano Damiani avec
Giorgio Strehler, en Italie, sont essentiels dans la genèse
du spectacle.
La personnalité et les intuitions du scénographe sont
déterminantes pour la lecture qu'il fait des indications scéniques
(didascalies ), mais son interprétation du texte est également
fondée sur le dépouillement systématique des informations
fournies par l'auteur concernant l'espace, le temps, les personnages. Souvent,
il accomplit un travail rigoureux de documentation historique, étudie
des ouvrages contemporains, se nourrit de voyages sur les lieux de l'action,
s'inspire d'œuvres d'art et de
morceaux de musique contemporains à la pièce. L'idée
peut se former grâce à un dessin dépouillé,
à des séries d'esquisses et à des collages de documents.
Puis la mise en forme passe par la réalisation de maquettes peintes,
planes, et enfin par des modèles (maquettes peintes, en volume ).
L'étude en volume peut d'ailleurs accompagner le processus depuis
le début. Le projet étant accepté commencent l'étude
technique et la réalisation des plans d'exécution, confiées
généralement à un
assistant. Selon la formule de Yannis Kokkos, qui indique un aspect
important de son travail, le scénographe est chargé de la
«représentation du temps à l'intérieur même
du temps de la représentation ».
L'espace lumineux :
La scénographie contemporaine repose beaucoup
sur le travail de la lumière
pour créer et modeler l'espace. L'utilisation expressive de celle-ci;
pressentie au début du XXe siècle par des théoriciens
comme Adolphe Appia; instaure de nouvelles pratiques, de nouvelles esthétiques
et une nouvelle profession : celle d'éclairagiste, ou
créateur de lumière. André Diot, qui a travaillé
avec Roger Planchon et Patrice Chéreau, est un pionnier de ce métier.
Chargé de concevoir la lumière d'un spectacle, l'éclairagiste
(dont le rôle s'apparente à celui du directeur de la photographie
au cinéma ) organise l'éclairage statique et dynamique de
la scène, des acteurs et du dispositif scénique en relation
avec la mise en scène. Il est assisté d'un régisseur
lumière et d'électriciens, responsables de la mise en place,
du réglage et de l'entretien des appareils prévus dans son
plan de feu, ou plan lumière. Le matériel utilisé
bénéficie de toutes les ressources de l'éclairagisme
: de nombreux types de projecteurs existant pour le théâtre
ou le cinéma, mais aussi une grande variété de lampes
(à incandescence, à décharge, fluorescentes, laser...
).
L'éclairagiste dispose d'une large palette de couleurs grâce aux nombreux filtres ; il dispose en outre de toutes les nuances rendues possibles par le réglage de l'intensité des lumières chaudes ou froides. Il peut multiplier les directions des sources (latérale, contre -jour, douche, plongée, contre-plongée, face ), varier les angles, moduler l'ouverture et la forme du faisceau de lumière (projecteurs à découpe ). Son action concourt non seulement à ce que le spectateur voie le spectacle, perçoive l'ambiance appropriée au drame et au jeu, mais encore à ce que celui -ci soit amené à «penser en lumière », comme le dit Henri Alekan, directeur de la photographie au cinéma, qui travaille aussi pour le théâtre.
La conduite des effets lumineux pendant la représentation est assurée par le régisseur lumière. L'informatisation des pupitres de commande (jeux d'orgue ) a multiplié les possibilités. De même, l'apparition des projecteurs robotisés, commandables, orientables et régulables à distance, autorise une plus grande liberté.
L'espace sonore : (voir LA RÉALISATION SONORE POUR LE THÉÂTRE)
Comme la lumière, le son est devenu une composante importante du spectacle théâtral, bénéficiant des acquis technologiques dans les domaines de l'enregistrement, de la lecture et de la diffusion sonores, adaptant au théâtre des moyens esthétiques élaborés par le cinéma. L'époque des «machines à bruit », comme la machine à tonnerre ou la machine à vent, utilisées du XVIIe au XXe siècle, est bien révolue. Le matériau sonore (musique, voix, bruit ) synthétisé ou enregistré contribue à créer l'espace dramatique. L'utilisation de la bande-son au théâtre a impliqué la mise en place d'une chaîne du son, avec ses différents appareils (magnétophone, amplificateur, console de commande, enceintes de diffusion ) toujours plus sophistiqués, notamment grâce au son numérisé. La nature du travail de prise de son, de montage, de mise en profondeur dans l'espace, le rapport au texte, à la mise en scène, au jeu, en un mot la maîtrise de l'univers sonore, conduisent à la définition d'un métier de création à part entière, dont André Serré, collaborateur de Planchon et de Chéreau, a été l'initiateur.
LES MÉTIERS CONCERNANT LES DÉCORS
Le constructeur de décors :
Traditionnellement indissociable de celui de machiniste, ce métier a affirmé progressivement sa spécificité : au cours du XIXe siècle sont apparus des machinistes-constructeurs, qui travaillaient notamment dans le grand atelier parisien de Ciceri (1782 -1868 ). Cette activité se rattachait à des qualifications professionnelles préalables (menuiserie, charpenterie, serrurerie, tapisserie ). Aujourd'hui, même si cette tradition demeure, les itinéraires professionnels sont plus hétérogènes. Parfois, une coupure regrettable s'instaure entre le métier de machiniste et celui de constructeur. Une nouvelle culture scénique se fait jour, et une adaptation est nécessaire pour assurer la cohésion de l'ensemble. Le métier oscille entre une indispensable polyvalence des compétences techniques et une spécialisation professionnelle inévitable. Le métier de constructeur implique des qualités de gestion économique et administrative autant qu'un sens artistique et une qualification technique. Chargé de la conception et de la réalisation des systèmes constructifs et des volumes du décor, usant des procédés traditionnels et toujours à l'affût des nouveaux, le constructeur collabore lui -même avec d'autres intervenants comme le peintre -décorateur ou le sculpteur, assumant le rôle d'un chef d'équipe.
Le peintre-décorateur :
Ce terme désigne deux métiers qui diffèrent selon la perspective historique choisie. Au XIXe siècle, avec ses assistants, c'est le chef décorateur qui est chargé de la conception et de la réalisation de la décoration peinte (châssis, fermes et toiles ). Aujourd'hui, le peintre-décorateur est un exécutant qualifié, responsable de la réalisation des parties peintes du décor, conçues par le scénographe. Par exemple, la réalisation des patines est une de ses compétences particulières.
Le sculpteur :
Plus le peintre-décorateur a vu redéfinir son rôle dans l'expression de l'espace et du volume scéniques, plus la construction des décors a fait appel au sculpteur. Le cadre théâtral conduit souvent à la sculpture monumentale, nécessitant une grande maîtrise des échelles et des proportions. Le sculpteur peut se faire aussi mouleur pour prendre les empreintes de formes naturelles (humaines, animales, végétales, minérales ) ou artificielles. Il emploie beaucoup les nouveaux matériaux (latex, polystyrène, polyuréthane, résines de polyester, etc.), qui réunissent les avantages de la maniabilité, de la précision, de la résistance, de la légèreté et de la rapidité d'exécution.
Mobilier, tapisserie, accessoires :
L'ensemblier, ou tapissier-décorateur, est le collaborateur du décorateur responsable de l'ameublement, des tentures, de la tapisserie. L'accessoiriste se charge de la recherche ou de la fabrication des accessoires, éventuellement de leur régie pendant la représentation. Les accessoires recouvrent tous les objets scéniques utiles au jeu, à l'exception du décor et des costumes. Leur fonction est soit décorative, soit métaphorique.