LE PROJECTEUR
(François-Eric Valentin)
Un projecteur, c'est une boîte, métallique de préférence, à cause des problèmes de chaleur, avec une ouverture pour laisser passer la lumière dans une seul direction.
Le corps :
Un projecteur, c'est tout d'abord
un piège à lumière, une boîte qui ne doit laisser
la lumière sortir que dans une seule direction. Il doit présenter
un certain nombre de caractéristiques :
- robuste, il doit protéger la lampe et l'optique il est soit
en tôle d'acier, soit en alliage moulé
- léger, car il doit pouvoir être déplacé souvent et en des lieux de circulation peu commode - de dimensions réduites, pour pouvoir être placé partout, mais respectant le volume imposé par la chaleur à dissiper en ventilation naturelle - étanche à la lumière, sans la moindre fuite, malgré les ouvertures nécessaires à la ventilation naturelle - discret, il doit tâcher de se confondre dans l'ombre des coulisses, sa couleur est généralement noir, gris ou vert olive. Mais il peut adopter les couleurs de la salle de spectacle où il est installé : doré à la Comédie-Française ou à l'Odéon. |
Pour
le problème de la chaleur, plusieurs paramètres interviennent
dans les solutions adoptées par les constructeurs : le matériau
constituant la carrosserie du projecteur (tôle d'acier soudée,
fonte d'aluminium), le cheminement offert à la circulation de l'air
(ouvertures à chicanes, autour de la lentille, perforations, fentes),
la forme générale de l'appareil (ailettes de refroidissement,
doubles parois). Le problème de l'échauffement concerne aussi
les fils d'alimentation de la lampe (si l'isolant fond ou se désagrège,
c'est le court-circuit immédiat), et surtout les poignées
de manoeuvre qui doivent être athermiques pour permettre les réglages
quand le projecteur est allumé.
Le
projecteur doit offrir un accès facile à la lampe et à
l'optique. Il faut pouvoir facilement régler la douille en hauteur
et en rotation dans le cas d'une douille Edison, ainsi que le miroir. En
effet, la lentille, la lampe et le miroir doivent être alignés
dans l'axe optique du projecteur. On gagne ainsi nettement en lumière...
Il doit enfin permettre le réglage en focale, site et azimut.
Pour
le réglage de la focale, la lampe doit pouvoir facilement se rapprocher
ou s'éloigner de la lentille (ouverture ou fermeture du faisceau
lumineux). Il existe différentes solutions : vis hélicoïdale,
glissière, glissière à crémaillère.
Pour
l'orientation en hauteur comme en largeur (tilt et pan en anglais), il
est indispensable que la lyre de suspension (tout en étant la plus
courte possible pour éviter les balancements) puisse être
placée au-dessus ou en-dessous du projecteur, de sorte que celui-ci
sera suspendu ou supporté par la porteuse.
Ainsi, la douille et le culot seront toujours en dessous de l'ampoule,
pour éviter que l'échauffement ne détruise les contacts.
La lyre peut ou non être complétée par un disque ou
des pieds permettant de poser le projecteur au sol. Enfin, à l'avant,
le projecteur doit être muni d'une, deux ou trois glissières
pour placer porte-filtre, grille, coupe-flux ou boîte antihalo.
voici un type de projecteur : le PC dans notre
langage.....
L'optique du projecteur :
C'est
évidemment la partie la plus importante du projecteur dont il faut
assurer la propreté le plus souvent possible, et il faut en étudier
soigneusement la construction. On trouve des projecteurs dont le seul élément
optique est un miroir, d'autres une lentille, deux lentilles ou plus encore.
On trouve aussi différents moyens de réglage : la lampe se
déplace par rapport au miroir ou à la lentille fixe, la lentille
se déplace par rapport à une lampe fixe, ou deux lentilles
se déplacent l'une par rapport à l'autre.
Pour
étudier les différentes catégories de projecteurs,
nous allons partir du faisceau le plus large possible pour le resserrer
progressivement jusqu'au faisceau le plus étroit possible, de l'optique
la plus simple à la plus complète.
Faisceau large
L'appareil le plus simple,
le réflecteur, la casserole
ou le bain-de-pied, est composé
d'une source (une lampe épiscope 250, 500 ou 1000 watts,
ou une lampe halogène) et d'un miroir sphérique ; le faisceau
n'est délimité que par les bords du réflecteur.
Le réflecteur peut
être incorporé directement à l'ampoule. C'est le cas
du projecteur P.A.R., tant apprécié
des groupes pop, parce qu'il est de réglage très simple.
Très simple aussi est
le principe de la lanterne d'horizon, une ampoule de forme allongée,
devant un miroir cylindrique, et voilà une grande nappe de lumière.
On a perfectionné cet appareil en le dotant d'un miroir biplan,
qui permet d'étaler la lumière sur une plus grande zone :
miroir symétrique ou miroir asymétrique permettant d'arroser
une zone importante mais avec une direction privilégiée.
C'est extrêmement utile pour l'éclairage de grandes toiles
ou de cycloramas. Une série
d'appareils en haut, sur porteuse, une série en bas, posée
au sol, et l'addition de ces deux flux lumineux permet d'obtenir une répartition
égale de la lumière sur toute la hauteur. On appelle ces
appareils ambiodes ou quartziodes ou quartz, ou lanternes d'horizon parce
que les modèles les plus récents utilisent des ampoules crayon
à enveloppe de quartz de 500 watts à quatre fois 1250 watts.
La juxtaposition en carré
ou en ligne, par rythme de quatre utilisant verres colorés et gélatines
(bleu primaire, rouge primaire, vert primaire, le dernier restant blanc),
permet de donner toutes les colorations voulues sur le cyclorama. C'est
une des utilisations les plus habituelles de la synthèse additive,
bien que ce procédé absorbe une grande partie de la puissance
lumineuse émise. On n'a intérêt à l'employer
que lorsqu'on a besoin de plus de trois couleurs sur le fond.
Un appareil dérivé
de ce principe le softiode, dans lequel tout le flux direct est éliminé
au profit du flux réfléchi pour n'obtenir qu'une lumière
douce, sans ombres, de 2 à 8 kilowatts. Voilà pour les grandes
zones de lumière.
Faisceau serré
Il
s'agit cette fois d'obtenir un faisceau contrôlé à
la fois par l'angle d'ouverture, et la qualité de ses bords nets
ou diffus. Le résultat sera obtenu d'abord par une seule lentille,
plan convexe ou Fresnel. La lentille Fresnel permet de ne pas voir où
est la limite exacte du faisceau et réalise ainsi une excellente
liaison avec les faisceaux voisins, alors que la lentille plan-convexe
permet de surtout réussir "l'effet Camembert".
A l'avant d'un projecteur,
la lentille permet de concentrer la lumière et d'ouvrir, d'élargir
le faisceau pour éclairer juste une zone donnée, à
une distance donnée. Ce que ne permettaient ni les réflecteurs,
ni même le BT. La lampe émet un certain flux de lumière
que la lentille « étale » ou concentre sur une zone
plus ou moins grande. Il est évident qu'une petite zone recevra
proportionnellement plus de lumière qu'une grande, et paraîtra,
à même distance, plus éclairée.
Deux facteurs interviennent
ici : l'angle d'ouverture du faisceau, proportionnel à la course
possible de la douille à l'intérieur du projecteur, et le
diamètre de la lentille. On a donc intérêt à
choisir des projecteurs ayant à la fois une grande course et une
lentille de grand diamètre. Habituellement, sur les projecteurs
les plus utilisés en France, appelés « plan-convexe
» parce qu'une face de la lentille est plane alors que la face extérieure
est convexe, l'angle peut varier de 5° à près de 50°.
Les fabricants donnent d'ailleurs les deux indications d'angle : pour le
faisceau seul et pour le faisceau large correspondant à l'angle
à déci-intensité, c'est-à-dire d'intensité
égale au moins au dixième de l'intensité dans l'axe.
La puissance des projecteurs
plan-convexe varie de 250 watts à 2000 watts. Les plus utilisés
sont les 500 watts pour de petites scènes (ils ont une portée
de 5 à 10 mètres environ) et les 1000 watts (leur portée
est de 15 à 20 mètres environ). La gamme des projecteurs
Fresnel est plus étendue, à cause en particulier de son utilisation
au cinéma avec lampes conventionnelles, halogènes ou HMI.
Malheureusement, à cause des bords diffus du faisceau, les projecteurs
Fresnel « bavent » lorsqu'ils sont placés en salle et
éclairent trop les spectateurs. On est donc obligé au théâtre
de les installer uniquement à l'intérieur de la cage de scène,
et de réserver pour la salle des projecteurs plan-convexe ou projecteurs
à découpe.
Compliquons
encore le problème en cherchant à donner au faisceau une
forme non plus ronde, mais rectangulaire : il faudra employer un jeu de
miroirs et de lentilles, combiné à une série de «
couteaux » (ou un gobo Si la forme est plus complexe encore). Une
découpe est, au minimum, composée de trois parties : le bloc
lampe, le bloc optique (séparé du premier par un espace comprenant
la fenêtre) et les moyens de fixation (lyre, molette de serrage et
moyens de fixation des accessoires).
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1. Boîtier lumière
2. Bloc lumière 3. Miroir orientable 4. Douille 5. Lentille asymétrique 6. Système de découpe 7. Iris à fermeture 8. Boîtier optique 9. Lentille plan convexe 10. Lentille plan convexe 12. Cassette porte accessoires 13. Lyre 14. Poignée de commande 15. Poignée de serrage 16. Passe gobos 17. Glissières porte verre satiné-dépoli. |
Le bloc lampe ou lumière
Le bloc lampe comprend la source lumineuse, le miroir, éventuellement un condensateur optique, et un trou rond, la fenêtre. La lampe est le plus souvent une lampe à incandescence halogène de 650 watts, de 1000 watts ou de 2000 watts, mais on trouve des lampes basse tension et des lampes HMI. Le miroir peut se trouver de diverses formes et de différentes matières. Soit extérieur à la lampe, soit intégré à celle-ci, il est le plus souvent constitué d'une portion de sphère. Mais il peut aussi être ellipsoïdal avec ou sans facettes. Sur les modèles plus anciens, il était en plastique résistant ce qui interdisait l'utilisation en douche, pour des problèmes de concentration de la chaleur. Sur les modèles plus récents, et bien que les fiches techniques ne précisent pas souvent son matériau, il est en aluminium anodisé. S'il est ellipsoïdal (à facettes ou non), il concentre la lumière émise par le filament placé à l'un des deux foyers de l'ellipse, vers le deuxième foyer : ce point est appelé point focal et se trouve derrière la fenêtre, à l'endroit des couteaux ou du gobo. Si le miroir est de type sphérique, comme sur les projecteurs à lentille plan-convexe, on est obligé d'utiliser un condensateur optique pour concentrer les rayons lumineux venant du miroir ou en direct du filament, vers le point focal. Suivant les constructeurs, l'accès à la lampe se fera de diverses manières.
La fenêtre
Il s'agit de cet interstice compris entre les deux blocs métalliques,
qui comporte les couteaux, et les
glissières pour iris ou porte-gobo; Si elle permet une assez bonne
ventilation de ces différents accessoires, elle offre parfois des
fuites de lumière désagréables.
C'est effectivement à
cet endroit du trajet des rayons lumineux que l'on peut donner une forme
au faisceau en jouant soit sur les couteaux, qui donneront des formes géométriques
(carré, triangle, allée...), soit sur des formes découpées
dans du métal fin et glissées dans un porte-gobo. Ces formes
sont d'une variété infinie dans les nombreux catalogues spécialisés
du commerce (fenêtres de tous styles, feux, nuages, éclairs,
ou abstraits), mais elles peuvent aussi être fabriquées artisanalement
avec des plaques d'imprimerie Offset. Si le travail des couteaux permet
de former le faisceau ou d'en couper une partie qui « bave »
sur le sol ou le décor, ces couteaux ne font qu'arrêter la
lumière et donc la reconvertissent en chaleur.
Le bloc optique
Il
constitue la partie la plus importante de l'appareil. Il comporte les lentilles,
les rails sur lesquels glissent ces lentilles, les molettes de réglage,
la cassette pour les portes-filtres et les accessoires, les moyens de verrouillage
du projecteur sur sa lyre, et un moyen d'accès aux lentilles pour
les nettoyer.
C'est du nombre de lentilles,
de leur distance focale, de la qualité de chacune, que dépendra
le diamètre de la tache éclairée. Une découpe
« classique » comprend deux lentilles. Les découpes
à une seule lentille sont, en fait, des longues portées et,
Si elles méritent leur nom de découpe, c'est que l'on peut
donner une forme au faisceau, le fait de manipuler la lentille ne joue
pas sur le diamètre de la tache, mais sur la qualité de ses
bords, nets ou flous, en fonction de l'éloignement du projecteur.
Les découpes à plusieurs lentilles dans le bloc optique sont
donc les seules qui permettent de jouer, à la fois sûr le
diamètre de la tache et sur la qualité des bords.
A la différence des
appareils vendus en Angleterre sous le nom de projecteurs à réflecteur
ellipsoïdal, dont les deux lentilles sont solidaires à l'intérieur
d'un tube métallique coulissant lui-même à l'intérieur
d'un deuxième tube, les deux lentilles des découpes «
françaises » peuvent se manipuler indépendamment l'une
de l'autre ; la plus proche de la fenêtre, souvent (et c'est logique)
de plus petit diamètre, sert à définir l'angle du
faisceau, l'autre jouant pour faire nette ou floue l'image projetée.
Chaque constructeur présente
évidemment plusieurs modèles de découpes, en fonction
de l'angle du faisceau. On peut, en général, les classer
en plusieurs catégories : les angles très fermés (de
5 à 15 degrés) les découpes longues, qui ont des faisceaux
encore serrés (de 15 à 30 degrés) ; et les découpes
courtes (de 20 à 40 degrés) ; mais il existe aussi des modèles
dits « ultra-courtes ».
Il me semble évident
que ce sont les courtes qui rendront les plus grands services, en général
; car les longues demandent un très grand recul. Mais ce serait
une erreur pour un théâtre de ne disposer que de courtes ou
de longues.
Les différentes lentilles
(une plus une, ou deux plus une) coulissent sur des rails ou des glissières
latérales, mais sont manipulées soit directement par des
boutons à vis, latéraux eux aussi, ou sous l'appareil, soit
par des molettes rotatives à transmission douce, et marquées
en degrés pour permettre de retrouver facilement un réglage
antérieur.
Quelques petites consignes pour une utilisation optimum d'un projecteur :
· Isoler électriquement avant
toute intervention.
· Les écrans de protection,
les lentilles ou les filtres à ultraviolets doivent être remplacés
s'ils sont visiblement endommagés au point que leur efficacité
en soit diminuée, par exemple par des fêlures ou des rayures
profondes.
· La lampe doit être remplacée
Si elle a été endommagée ou déformée
par la chaleur.
· Ne pas utiliser de lampes de type
différent ou de puissance supérieure à celle indiquée,
contrôler que la tension de la lampe corresponde bien à la
tension secteur de l'installation.
· Veiller à ce que le projecteur
soit monté avec un support approprié (trépied ou crochet).
· En position suspendue (crochet, boulon...),
l'appareil doit obligatoirement être assuré par une suspension
auxiliaire (élingue, chaîne...) convenablement dimensionnée
et ancrée à l’arrière de l'appareil. La liaison devra
être effectuée au plus court, au besoin avec plusieurs tours
Si la longueur de l'élingue ou de la chaîne le nécessite.
· Les accessoires amovibles (coupe-flux,
cône antihalo...) doivent également être assurés
par une élingue de taille appropriée, ancrée à
l'avant de l'appareil. Tenir compte de leur poids pour la charge d'accrochage.
· Ne pas ouvrir l'appareil sous tension.
· Lampe et supports chauds, attendre
que l'appareil soit froid avant toute intervention.
· Ne pas modifier la sécurité.
· Resserrer régulièrement
les connexions et contrôler l'état des câbles. Si le
câble est détérioré, le remplacer par un câble
identique.
· Vérifier l'éloignement
minimum d'une matière inflammable.
· Ne pas exposer aux intempéries,
ne pas couvrir.
· Si l'appareil comporte un ou plusieurs
ventilateurs, vérifier qu'ils fonctionnent bien - Si un dysfonctionnement
apparaît à ce niveau, couper immédiatement et effectuer
les réparations nécessaires.
· Si l'appareil comporte des filtres,
les dépoussiérer régulièrement.
· Ne jamais boucher les passages d'air.
· Dépoussiérer fréquemment
les optiques.
· Appareils réalisés
en conformité avec les directives européennes de normalisation
appliquées au matériel d'éclairage professionnel.
Toute modification du produit dégage la responsabilité du
constructeur.
· Matériel professionnel :