La technique monophonique :
La prise de son stéréophonique connaît une diffusion de plus en plus croissante. Mais, nous ne devons pas délaisser la monophonie, même si, en principe, l’enregistrement stéréophonique est plus simple. Prenons le cas de l’enregistrement mono d’une voix à courte distance du microphone.
1-1
Distance voix/microphone
Influence des différentes
directivités
A une courte distance voix/microphone, nous nous trouvons très à l’intérieur du rayon du son direct. Le microphone ne capte pratiquement que le son direct de la voix. Le résultat en est un enregistrement à timbre sec et bien défini, on pourrait presque dire neutre. En augmentant progressivement la distance voix/micro, le volume maximum du microphone se règle le proportionnellement et le rapport entre le son direct et le son réfléchi, jusqu’à la limite du rayon du son direct, change continuellement. Au-delà de cette limite, le son réfléchi prédomine et l’intelligibilité se trouve déjà perceptiblement perturbée. D’autre part, en approchant la limite du rayon du son direct, la voix gagne en vivacité naturelle, la composante acoustique de l’espace atténuant le caractère «stérile» ou «neutre» de l’impression auditive. La question se pose ainsi de savoir comment nous devons enregistrer dans un local déterminé, en tenant compte de ce rayon dont l’importance est évidente. D’abord, il faut signaler que le microphone capteur peut également exercer une influence sur le rayon du son direct. En effet, le seul microphone n’ayant aucune influence sur ce rayon est celui à directivité omnidirectionnelle. En fonction de cette directivité, le microphone omnidirectionnel capte, indépendamment de la direction de son pavillon, toujours le son direct et le son réfléchi suivant le rapport existant à l’endroit précis de son emplacement. Ce n’est pas le cas du microphone directif.
Si vous dirigez un microphone directif vers la source sonore (voir Directivité), il capte de préférence le son direct. Le rapport entre le son direct et le son réfléchi est fonction de l’efficacité directionnelle du microphone. Il en est de même de l’élargissement du rayon du son direct qui se produit simultanément. Voici une formule approximative qui vous aidera dans la pratique quotidienne: un microphone à directivité cardioïde, élargit le rayon du son direct de 1,5 fois (facteur 1,5). Un microphone à directivité super-cardioïde, possède déjà un facteur d’élargissement de 2.
Pour les microphones à directivité en forme de lobe, il faut même compter avec un facteur de 2,5 en ce qui concerne les hautes fréquences qui nous intéressent particulièrement pour la prise de son.
Pour ces quatre microphones, vous constaterez qu’il faut compter, aux distances source sonore/ microphone de la figure ci-dessus, avec un rapport presque identique entre son direct et son réfléchi. Nous pouvons varier à discrétion le rapport son direct/son réfléchi. Pour un local à conditions acoustiques déterminées , ce rapport est fonction de la distance source sonore/microphone et de la directivité du microphone.
Si l’on ne souhaite pas des effets acoustiques spéciaux, l’enregistrement de la parole se réalise toujours dans le champ proche. A une distance voix/micro de 10 à 20 cm, vous obtenez une prise de son très directe et «intime». Mais les microphones directifs provoquent, en général, une accentuation considérable des basses à ces distances. Si vous ne souhaitez pas cette accentuation, il faut prendre un microphone omnidirectionnel ou un microphone directif pourvu d’une commande de basses. D’autre part, en augmentant la distance source sonore/micro, vous obtenez un enregistrement de nature «spatiale», dont les effets acoustiques spéciaux peuvent être parfaitement souhaitables. En tenant compte de l’acoustique du local, vous pouvez déjà obtenir une graduation remarquable en profondeur en technique monophonique.
1-2 Distance instruments de musique/microphone
En principe, ce que nous venons
de dire pour la voix est également valable pour l’enregistrement
d’un instrument de musique. A courtes distances instrument/microphone,
nous obtenons une tonalité directe et bien définie. En s’éloignant
de l’instrument, le microphone capte, progressivement, une partie de la
réverbération. En principe, pour l’enregistrement d’un instrument
de musique, on souhaite une définition maximum de l’image sonore.
Mais il est nécessaire de tenir compte de l’équilibre, la
«balance» entre la définition nette de l’image sonore
et la composante du son réfléchi. Si le microphone se trouve
trop près de la source sonore, on obtient souvent une image sonore
sans timbre naturel.
A courtes distances, il existe également
le risque d’enregistrer les bruits de fonctionnement de l’instrument. Nous
pensons, par exemple, aux bruits causés par le cliquettement, le
«souffle» et la respiration sur les instruments à vent,
aux crachements et raclements des instruments à cordes, ou aux bruits
de manipulation, surtout en ce qui concerne les percussions.
En utilisant les microphones
directifs, il faut absolument tenir compte de l’accentuation des basses
fréquences dans le champ proche de l’instrument.
La caractéristique de rayonnement d’un
instrument de musique est d’une importance capitale pour la prise de son.
Il est évident que la distance absolue entre le microphone et l’instrument
de musique joue un grand rôle, mais l’emplacement du microphone dans
le local (l’espace acoustique) est également très important.
Nous verrons que, parfois, la place optimale du microphone se trouve derrière
l’instrument. Il est aussi important que l’instrument ne change pas de
position par des mouvements trop amples. Il en résulte de trop grandes
variations d’intensité dans l’image sonore qui, normalement, ne
sont pas souhaitables.
Sur la prise de son monophonique d’un ensemble d’instruments, nous supposons l’utilisation d’un seul microphone. Nous allons examiner trois critères essentiels de la prise de son. Ces critères sont évidemment également valables pour l’enregistrement stéréophonique.
Balance correcte entre les différents instruments et les solistes.
Il s’agit de disposer l’ensemble
musical à enregistrer de façon optimale dans un local ne
possédant pas, le plus souvent, de propriétés acoustiques
idéales. Nous devons essayer d’arriver, par des essais répétés,
à un équilibre sonore entre les instruments et les solistes.
Il est évident que la répartition générale
doit être fonction de l’importance relative et de l’intensité
sonore des instruments. Par exemple, on placera un instrument à
grand volume sonore plus loin du microphone. Mais l’oreille expérimentée
et les indications de la partition restent un critère décisif.
La définition sonore de toutes les voix importantes doit être
nette. En dehors des intentions délibérées, aucun
instrument individuel ne doit dominer l’image sonore. Cet aspect est particulièrement
important en ce qui concerne les instruments d’accompagnements.
L’objectif de la prise de
son est une image sonore bien définie et transparente, en évitant
une perte de sons harmoniques. En fait, il s’agit d’atteindre une homogénéité
de l’image de tous les instruments, sans aucune suppression et sans aucune
dominante de voix individuelles ou accompagnantes. Normalement, il est
impossible d’y parvenir sans des essais répétés concernant
la position relative de chaque voix participante.
La balance correcte entre son direct et son réfléchi
L’équilibre de l’image sonore est largement fonction des propriétés acoustiques du local d’enregistrement et des microphones utilisés. En plaçant le microphone en différents points du local, on peut trouver l’emplacement correct de celui-ci. D’une part, il s’agit de maintenir la balance des différents instruments entre eux, et, d’autre part, de trouver la balance optimale entre le son direct et le son réfléchi. En restant trop près des instruments, on obtient souvent une image agressive et sans timbre naturel. En plaçant le microphone trop loin, la définition et l’équilibre sonores se trouvent détériorés. Dans le pire des cas, on obtient ainsi une image sonore délavée, mal définie et pleine des bruits de réverbération.
Définition sonore optimale de chaque instrument
La définition musicale d’un son, appelée également sa «présence», signifie sa structure acoustique nette et intégrale. Le spectre sonore d’un instrument de musique se compose de sons fondamentaux et de sons harmoniques. Les sons harmoniques sont déterminants pour la tonalité ou le timbre d’un instrument.
La suppression ou l’atténuation de ces sons harmoniques rendent souvent impossible la définition nette et intégrale du timbre d’un instrument. La grande majorité des instruments et des voix se trouve dans la gamme de 1.000 à 4.000 Hz. Pour cette raison, on appelle cette gamme souvent «instrumentale», «musicale» ou encore «gamme de présence». Pour cette gamme, l’ingénieur du son dispose de pupitres de mélange (console son), pourvus de réglages de tonalités et de filtres spéciaux. Ces équipements professionnels sont une aide précieuse de la technique de l’enregistrement dans les studios.
L’espace et la direction - l’enregistrement stéréophonique
On ne peut pas regarder l’enregistrement
d’une oeuvre musicale comme un processus purement abstrait, relevant du
domaine de la physique. Les structures sonores et musicales sont des valeurs
fonction de l’espace et de mutations temporelles. Pour une restitution
réaliste, la hauteur, l’intensité et la structuration
d’une tonalité nécessitent la composante
spatiale. A l’audition, c’est l’espace qui crée une impression naturelle
et réaliste. L’ouïe humaine possède la faculté
de percevoir les structures spatiales des images sonores.
Ce n’est pas uniquement la faculté directionnelle de notre système auditif qui détermine la perception spatiale du son. L’oreille humaine reçoit également des informations essentielles (surtout en ce qui concerne les dimensions des graves) par les rapports d’intensité et les différences temporelles entre le son direct et le son réfléchi. Ces messages acoustiques sont efficacement soutenus par des informations sur la structure spatiale, également perçues par l’oreille.
En conséquence, il est
assez logique de penser à deux microphones pour la reproduction
d’un phénomène sonore. Ces deux microphones peuvent nous
fournir les informations acoustiques sur l’espace et sur la direction nous
manquant avec un seul capteur. C’est la technique stéréophonique,
c’est-à-dire la reconstitution de la répartition spatiale
des sources sonores. La technique stéréophonique représente,
en effet, un grand progrès de la technique de la prise de son.
Le principe en est très simple. Deux microphones,
placés en deux points bien choisis du local, captent les ondes sonores,
convertissent celles-ci en signaux électriques et les transmettent
à un centre de stockage ou d’enregistrement.